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  Contemporaine - Le blog -

Un espace pour "croquer" (avec un zeste de poésie, si possible) ce que le quotidien donne à vivre ou à observer de l'individu comme de la société. Série de témoignages basés sur le bon sens, la dérision et l'humour. Rire pour philosopher ou philosopher pour rire, coups de cœur ou coups de gueule, qu'importe, CONTEMPORAINE avant tout !

Cendres, coquelicots et coccinelle

Publié le 21 Avril 2010 par contemporaine in en rire pour philosopher et philosopher pour rire

En cet avril renaissant, nous noterons, juste comme ça en passant, la superbe claque que « petit homme » vient de recevoir de la part de « grande nature ». Une superbe leçon d’humilité bien administrée.

 

Le trafic aérien bloqué par un nuage de cendres. Un volcan qui s’exprime en Islande, sans pertes humaines, ni dégât matériel, c’est quoi, après tout ?  C’est rien, un simple « pet de travers de Dame Nature »… et  pourtant à cause de ce pet, ce rot naturel de la montagne millénaire, c’est tout le concept du nouvel ordre mondial, basé principalement sur les nouveaux moyens d' échanges, qui vacille et qui part en fumée, l’espace de cinq  petits jours.

 

J’en ris encore, n’en déplaise aux milliers de personnes bloquées dans les aéroports, aux rapports financiers de plusieurs grandes firmes qui essuient des pertes sèches et à toutes les familles et les entités tracassées par le report d’une arrivée ou d’un départ. J’en ris. Oui, j’en ris encore parce que pendant ces cinq jours, j’ai vu des choses qui ont empli mon cœur de joie.

 

J’ai vu un soir dans un ciel magnifiquement étoilé et éclairé par un éclatant croissant de lune, deux tableaux fascinants de deux nuées chorégraphiques de flamands roses traversant le pays pour migrer vers leur refuge d’été, dans un gai tumulte de cris enthousiastes d’auto encouragement. Le lendemain, j’ai vu des oies sauvages piaffant de plaisir, faire le même parcours dans l’autre sens. Chaque année en cette période de l’année, ces spectacles m’enchantent. Cette fois, j’ai souri à l’idée que des colonies entières d’oiseaux puissent se déplacer librement alors que les radios et les télés du monde se lamentent sur la situation combien cocasse engendrée par les nuages de cendres,  islandais. « Cendres » vous avez dit « cendres » autant dire le néant, rien. Car enfin c’est quoi des cendres, c’est la fin d’un feu, une faiblesse, un anéantissement, un effritement, donc presque rien dans nos imaginaires.

 

Dans la foulée, les jours suivants, j’ai encore eu à me satisfaire jusqu’à l’hilarité de la témérité de la nature et il y a de quoi. Jugez plutôt vous-même.

Sur le bord de la voie express que j’emprunte chaque matin pour aller au travail, j’ai vu des coquelicots pétillants entourés de marguerites et de violettes tenir tête à l’homme urbain. Caillasses, gravier, goudron, bitume, pots d’échappement, gaz carbonique, de tout ce que l’urbain invente, construit, impose et dégage pour adapter l’environnement à ses besoins, rien n’a eu raison  de ces petites fleurs intrépides venus en nombre faire un pied de nez aux automobilistes si urbanisés et si imbus d’eux-mêmes.

Au cours de ces mêmes cinq petits jours de blackout aérien et par conséquent financier, j’ai croisé une coccinelle, cette « bête à bon dieu » qu’on ne voit presque plus depuis des décennies. Là, c’était presque l’apothéose, l’euphorie: la marche effrénée et vaniteuse de l’économie ne vaincra  donc pas celle lente et insistante de l’écosystème. Car, pour moi, allez savoir pourquoi, la coccinelle et le coquelicot sont les signes indéniables les plus forts de la solidité de l’écosystème. Probablement parce que cet insecte et cette plante, pourtant dite sauvage, sont si frêles qu’elles me paraissent les plus fragiles de l’ensemble de leurs mondes respectifs.

Sans vouloir faire dans la fable de Monsieur de Lafontaine, la morale de cette histoire s’impose à moi, malgré moi : la vie est fondée sur le rapport de force mais le plus puissant n’est souvent pas celui qu’on croit.

Cendres, coquelicots et coccinelle, quelle force peuvent-ils évoquer ? Aucune dans l’absolu…et pourtant… !

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