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  Contemporaine - Le blog -

Un espace pour "croquer" (avec un zeste de poésie, si possible) ce que le quotidien donne à vivre ou à observer de l'individu comme de la société. Série de témoignages basés sur le bon sens, la dérision et l'humour. Rire pour philosopher ou philosopher pour rire, coups de cœur ou coups de gueule, qu'importe, CONTEMPORAINE avant tout !

Printemps 2006 : les oiseaux ne se cachent plus pour mourir

Publié le 29 Mars 2006 par Outa in contemporaine

Ce 21 mars, présumé être le 1er jour du printemps, quelques rares chants d’oiseaux mettent en exergue le sentiment de profanation que je ressens depuis le début de la médiatisation de la grippe aviaire.

 Toute petite, je me demandais souvent  si les oiseaux vieillissent, tombent malades ou meurent. Car, en effet, à part quelques rares cas d’oisillons intrépides voulant s’essayer au vol précocement, lorsque je gambadais dans la verte campagne avec mes petits camarades de jeu, nous ne découvrions jamais le corps inanimé d’un oiseau « adulte » alors que nous avons été plusieurs fois horrifiés par la découverte d’un lézard, d’une grenouille, d’un serpent morts. Me doutant bien que notre bonne vieille terre ne pouvait pas garder éternellement tous les oiseaux qui naissent depuis la nuit des temps, cette évidence « mathématique » me poussa à cultiver une sorte de sacralisation de la mort des oiseaux. Un profond respect quasi religieux pour la pudeur et la dignité que j’accordais volontiers à cette espèce qui ne se montre au monde que dans la joie, le chant, l’élan, la liberté à tire d’ailes et le badinage à coups de bec attendrissants et qui certainement se cache pour mourir.

 Des années après, le titre de cet excellent roman d’amour de Colleen Mac Cullough, m’a réconforté dans ma croyance. Seulement je ne sais toujours pas si c’est vrai : les oiseaux se cachent-ils vraiment pour mourir ?

Comme dans toute croyance, le doute ne fait que renforcer la foi et à chaque fois qu’un média exhibe, photo à l’appui, le cas d’un oiseau mort, je perçois cet acte comme une profanation. Une atteinte à la dignité. Une indécence, une insulte aussi grande, sinon plus, que celle que l’on fait aux hommes, femmes et enfants tombés lors des nombreux conflits armés, fléaux ou catastrophes naturelles relatés par les mêmes médias.

Pire encore. Loin des canaux d’information et de la médiatisation, dans les campagnes du monde entier les enfants connaîtront-ils encore l’émotion vive de ramasser un oisillon tombé du nid et celle de le pleurer et de l’enterrer dans un rite inventé ?

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