Les matins qui reviennent,
Ne sont jamais pareil.
Ces matins, pourtant, sont tous têtus.
Leur tête est pleine de divine poésie.
Les faits de la veille,
Les faits de tout ordre,
Les faits du tout désordre,
Les faits, ceux infiniment beaux
Comme ceux ineffablement laids
Les sanglants, les paisibles
Les violents, les tendres,
Les faits, pourtant, réputés butés
Les faits sont solubles dans la poésie.
La poésie ?
Oui, pas celle qu’on écrit.
La poésie qui se vit.
Divine.
Celle qui ne pourra jamais
Etre muselée ou assassinée.
Celle qui, depuis la nuit des temps,
Tel un cœur sain,
Rythme, infailliblement, l’univers.
L’aube claire qui revient, inlassablement,
Panser toutes les parties du monde
Blessées, insultées,
La veille, par le peu puissant Homme.
La douce lumière et sa brise rose se déploient
Pour couvrir et apaiser les foyers brulants
Allumés dans la nuit par les obscurs démons de la haine.
Le merle joyeux se pose,
Comme à l'accoutumée
A l'heure du café, sur le palmier
Encore frais de rosée.
L'entendez-vous chanter?
Le bout du bec de son chant
Soigne et « acupuncture »
Les points de peine et de rupture
D’un univers maltraité.
Et la fourmi !
La fourmi, pourtant,
Reprend son travail de titan.
La graine, elle, s’entête à croître.
L’œuf, lui, dans sa coquille, réclame la vie.
La mer, reine, s’étale à son aise et taquine les cieux
Au-delà des illusoires limites bleues,
Cet azur horizon de nos humbles perceptions.
Cessez donc vos bruits et vos cris !
La "haine-à-mort" a encore frappé,
Alors, laissez faire LA VIE !